Les startups italiennes ont levé tellement de capitaux qu’à fin Juin, elles étaient déjà au niveau de l’année 2017 entière. Et pourtant… l’Italie a toujours un retard conséquent concernant les startups par rapport aux autres puissances européennes.

En Italie, le premier semestre de 2018 a vu 23 startups italiennes devenir des scale ups. Ces sociétés ont dépassé le million d’euros de capital levé. L’écosystème italien a attiré 335 millions de dollars sur le premier semestre, c’est-dire presque autant que l’année dernière entière. Les chiffres sont plutôt positifs. Mais pourtant le rassemblement annuel organisé par EY, cabinet d’audit et de conseil international, étudiera bien « pourquoi l’écosystème des startups italiennes est en retard…

Comment réduire le retard des startups italiennes avec leurs consœurs de l’Europe ?

Alberto Onetti, président de Mind the Bridge, rappelled la proposition faite pendant les élections du 4 Mars. En l’occurrence il s’agissait de « lancer un plan Marshall pour l’innovation en Italie ». Plus précisément, la proposition faisait référence à une injection de 2 milliards d’euro destinée à encourager de plus grands investissements privés. Une recommandation « encore valide » pour son partisan pour qui ne rien faire n’est pas une option.

Aujourd’hui, l’écosystème scaleup italien compte 201 entreprises, ayant réussi à rassembler 1.3 milliard d’euros. Ces chiffres placent l’Italie à la onzième place européenne, à des années lumières de la Grande Bretagne. Au Royaume-Uni, on parle de 1668 scale ups pour des levées de fonds de 27 milliards de dollars. Même le doublement des capitaux levés en 2018 par rapport à 2017 ne suffiront pas à combler le retard entre les 2 puissances européennes.

Sur le plan purement financier, l’Italie est en septième place à égalité avec la Hollande et l’Irelande. Mais en comparaison, la population et la puissance de l’Italie devrait la placer largement devant ces 2 pays. Ce retard, selon le rapport d’EY, est certainement lié au fait que l’écosystème italien est encore jeune, ainsi qu’aux délais importants pour lever des fonds.

« Le changement c’est maintenant » pour les startups italiennes !

Et cela se voit dans l’analyse de l’année de dernier financement des 178 scale ups italiennes. Quasiment 50% d’entre elles ont reçu une dernière injection de capital au cours des 2 dernières années. Cependant le problème est que la majeure partie de ces entreprises se sont arrêtées tôt dans leur ascension.

En effet, 86% d’entre elles se sont arrêtées à des sommes inférieures à 10 millions de dollars, ce qui représente au total seulement 33% des investissements totaux. Et seulement 1% a réussi à dépasser la barre des 100 millions levés (c’est-à-dire globalement 2 startups seulement). Ce 1% a canalisé plus de 20% des investissements totaux sur les scale ups italiennes.

D’où viennent les investisseurs des startups italiennes ?

43% du capital investi dans les startups proviennent des investisseurs italiens. 20% des investisseurs américains ensuite, montrant le peu d’intérêt des investisseurs européens pour l’Italie. Mis à part l’Angleterre, les pays européens représentent à peine 2% du total. Le Royaume Uni fournit néanmoins 11% du total des capitaux levés.

Les secteurs qui poussent l’écosystème italien sont principalement la mode et l’E-commerce. Avec 27 entreprises financées à plus de 1 million d’euro, l’E-commerce est le secteur ayant le plus grand nombre de scale ups. Cela peut paraitre paradoxal dans un pays dans lequel le débat est porté sur la fermeture dominicale des centres commerciaux mais aussi des plateformes en ligne !

L’innovation dans l’un des secteurs de pointe du « made in Italy » a su rassembler des capitaux importants. En effet, les 11 scale ups italiennes de la mode ont pu lever 246 millions de dollars.

Enfin, pour la distribution géographique des startups italiennes, Milan a toujours le dessus avec 78 scale ups. Puis Rome, mais loin avec seulement 12 scale ups. Naples, Florence, Bologne et Turin ferment la marche. On remarque que dans les « startup nations » européennes, l’émergence d’un second pôle a toujours été un indicateur de développement de l’écosystème. Ce n’est pas encore le cas en Italie, preuve qu’il reste encore du chemin pour devenir une vraie puissance startup.