Céline Lazorthes fait partie de ces femmes de la Tech Française. Très introduite dans le milieu, elle est même l’un des membres fondateurs et membre du conseil d’administration de l’association France Digitale. Mais elle siège aussi dans plusieurs conseils d’administration et donne des cours dans les grandes écoles parisiennes.

On le dit d’entrée, la jeune femme est passée par HEC pour son Master spécialisé et a travaillé avec Gilles Babinet pour Eyeka. Le début de carrière s’amorçait bien ! Startuppers Club s’intéresse à cette « startuppeuse » fondatrice de Leetchi, la cagnotte en ligne, et de MangoPay, la solution de paiement en ligne. Elle jongle aujourd’hui entre ses obligations auprès de ses premières créations et son rôle de business angel auprès de Jimmy Fairly, Frichti, Talent.io et Le Slip Français.

Leetchi et les débuts de la Startuppeuse Céline Lazorthes

La fièvre entreprenariale prend la startuppeuse dès qu’elle est étudiante à HEC Paris. Pour le storytelling, elle raconte qu’elle était chargée d’organiser le weekend d’intégration de sa promotion. Elle doit récupérer l’argent auprès de ses petits camarades qui bien sûr font trainer les choses, on a tous été dans ce cas-là. L’idée lui vient donc de créer une cagnotte en ligne permettant de collecter de l’argent et de faire rapidement le point sur les paiements. Et boom, 1.5 milliards d’euros collectés en 2017 !

Evidemment, ce n’est pas aussi simple. Déjà parce que détenir de l’argent qui appartient à des tiers, c’est un métier. Un métier qui s’appelle la banque. Il a donc fallu se battre pour récupérer une licence bancaire. Ensuite parce qu’il a fallu trouver des investisseurs pour financer les investissements en sécurité. Mais pour ça, Céline Lazorthes peut compter sur ses qualités relationnelles et sur le réseau HEC et French Tech ! Rapidement, elle fédère le soutien d’OSEO qu’elle fait fructifier en étant accompagné par des incubateurs comme le BizSpark de Microsoft puis l’incubateur d’HEC.

On le sait tous, le nerf de la guerre reste le cash. Et Leetchi en trouve auprès de grands noms là encore : Xavier Niel pour commencer, Oleg Tschelztoff fondateur de Fotolia, Jérémie Berrebi l’un des fondateurs de Kima Ventures et serial-investisseurs. Enfin, des fonds viennent grossir les levées de fonds suivantes comme 360 Capital Partners et IdInvest Partners. Le groupe Crédit Mutuel Arkéa rachètera finalement la startup Leetchi. Le deal est de 50 millions d’euros pour 86% des parts. Céline Lazorthes et l’équipes dirigeante conservent les 14% restant.

Aujourd’hui Leetchi est disponible en 4 langues, emploie 100 personnes pour 10 millions de clients. Mais là où la startup surprend le plus, c’est au niveau des montants collectés : 1.5 milliards en 2017 !

Mango Pay, le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre

Evidemment, quand on voit la réussite fulgurante de la startup Leetchi, cela peut donner des appétits. Notamment lorsqu’on détient une licence bancaire difficile à décrocher. Un relais de croissance intelligent a donc fleuri au sein de Leetchi : MangoPay. Gloablement, la solution de paiement est la même que pour Leetchi, mais elle est rendue disponible pour les autres sites. Le marché a déjà des compétiteurs sérieux comme Stripe, WePay, ou Braintree. Mais qu’importe en 2013 la startup est créée. Elle a depuis été rachetée par le crédit Mutuel Arkéa en 2015 pour un montant inconnu. Notons que cette startup est basée au Luxembourg comme Paypal en Europe.

En 2015, l’ecosystème des marketplaces a progressé très fortement avec environ 53% de croissance (comparé aux 15% de croissance du commerce en ligne). Les places de marchés avaient donc des besoins croissants en moyen de paiements. D’autant plus qu’une réglementation des services de paiements (PSD2) implique clairement que les places de marchés ne doivent à aucun moment être en possession des fonds de leurs clients ou des fournisseurs. Surfant sur la vague juridique, en Janvier 2016, MangoPay avait déjà traité plus de 200 millions d’euros de fonds. Pas mal pour un relais de croissance qui a maintenant plus de 2500 clients !

Les bons conseils pour créer sa startup par Céline Lazorthes

Voici les bons conseils pour créer sa startup par Céline Lazorthes :

1. Se confronter rapidement au marché

Lorsque j’ai créé Leetchi, le site était loin d’être parfait. C. Lazorthes

Pour Céline Lazorthes, il n’a pas été difficile de se persuader que son idée était bonne. Dès qu’elle évoquait son concept, tout le monde semblait persuadé de son utilité et de ses chances de réussite. Mais pour dégoter la bonne idée, il faut selon la startuppeuse rester au contact du marché et s’y confronter le plus tôt possible. Si vous arrivez rapidement à accrocher des clients, alors c’est que le concept est viable. Sinon c’est qu’il faut le retravailler.

2. Bien recruter ses associés et ses collaborateurs

On ne peut pas réussir tout seul ! C. Lazorthes

Recruter ses associés est une affaire d’équilibre. Demandez-vous quelles sont vos propres compétences et recrutez en fonction pour rééquilibrer le tout. On est souvent tentés de choisir des gens qui nous ressemblent mais il serait plus efficace de se concentrer sur les profils complémentaires. Savoir s’entourer est l’un des qualités les plus importantes du startupper.

Pour recruter en général, en plus de la compétence et de l’appétence pour l’entreprenariat, il est important de rechercher de vrais ambassadeurs de la marque. Des gens qui vont porter la startup au maximum en donnant pas mal d’eux-mêmes. Parce qu’ils croient vraiment dans le concept et dans son utilité.

Le bon plan des BSPCE

Enfin, petit conseil bonus : les BSPCE. Les bons de souscription de parts de créateur d’entreprise. Ils donnent le droit à l’associé qui les reçoit de souscrire des actions dont le prix est fixé lors de l’attribution des BSPCE. Le prix étant fixé à l’avance, le manager a vraiment intérêt à maximiser la valeur de l’entreprise rapidement pour bénéficier à fond de ce process. Ce sont des bons qui peuvent être attribués gratuitement ou non. Il n’y a pas de limites au nombre de BSPCE pouvant être émis. Mais il existe 2 vrais avantages :

  1. L’exercice des BSPCE peut être conditionné à la réalisation de certains objectifs
  2. L’exonération de charges patronales et salariales (contrairement aux stock options par exemple)

3. Bien lever des fonds et convaincre les investisseurs

Pour bien lever des fonds, il ne faut pas en avoir trop besoin !

Premier conseil pour optimiser ses chances de lever des fonds : présenter une équipe complémentaire et soudée. C’est l’un des critères principaux pour la plupart des investisseurs. Le conseil numéro 2 pour recruter sa team est donc particulièrement important !

Deuxième conseil, plus paradoxal celui-là : ne pas avoir besoin d’argent pour en lever dans de meilleures conditions. Être dans une situation financière confortable permet d’approcher des investisseurs sans pression et avec la possibilité de négocier proprement.